IsoPop

7=

7=

Partir, avec sous son bras la tangente, le compas, le vent

et le peu qu’on n’a pas à l’époque.

Avec on fera du passé.

Avec on verra quoi faire sur le moment on fait avec.

Après, peut-être qu’on voit comment tout ça.

Mais avant on avance et on verra bien après.

Après tout on avance vu que le vent dans les voiles et qu’alors.

Mais quoi au joli mois de mai mais quoi au juste

ce qui te plaît et qui quoi.

Alors que penser ?

Tu pourrais songer à penser que.

Mais voilà.

 

C’est égal,

la mer étale

ni plus ni moins

que vague à l’âme.

Les tuiles.

Rouges, tout bleu dessus

tout feu tout flamme.

Le saut de l’ange.

Tombent les Klein

se ramassent

Prévert, Kosma,

Gainsbourg.

 

Violette t’intrépide colchique

Guillaume et René.

 

Sous la rivière ton essaim

lumière qu’on boit

plaine coupe des étoiles

Fauchées tes syllabes,

Et ta voix qu’il ne faudrait.

Mais le parfum de ta voix.

 

Je sais.

Tout ça n’existe.

Sauf si.

Les violons.

Et langueur mon Verlaine.

On y va.

Toujours on y va.

Que vienne.

On s’élance et s’éteint

les bougies

n’y pense

n’y suffisent.

On y vient bien.

On n’y voit rien

Sentir qu’on ne sent rien.

On sera

Quoiqu’on serre

Que sera.

Les mains

Dans tes cheveux,

Des échafauds,

Qu’on s’esclaffe.

Mais n’en finissent les chemins

Les bornes qu’on dépasse

Les dès dans les mains.

Passe.

On sait bien que.

On sait toujours qu’on sait.

Comment on.

On s’étire.

Et la terre on sait peu son parfum

Sous soi on sent pourtant la terre

Et le reste.

Qui déserte

Les échardes du ciel ?

Parce que.

Les couleurs

As you like les couleurs.

Te gustaba

La notte ?

And the stars.

All around

Le grand chariot

le charleston.

On voit bien plein la tête.

Malgré.

Et ce qu’on pourrait en dire.

Moi ce que j’en dis.

Mais plus on en mange.

Plus on rit.

J’avais bien vu.

Senti même j’avais commencé.

Et voilà.

On sent, on sent.

Mais tu t’en fous.

Plein les yeux pourtant tout ça devant.

Et dessus, au dessus de tout ça.

Forcément au dessus.

Tout s’échappe et t’estompe.

Tout se troue

Et le noir qu’on broierait

Avec les astres.

Les autres on boirait.

Avec on croirait penser que.

Chandelles on mettra

Pour l’orage on l’allumera la lampe

storm my hurricane !

Avis… dis voir tempête : i zon di koi ?

Coi je dis je sais pas quoi on meuble comme on peut avec l’hurry

cané, on déménage à la sauvette,

à la cloche de bois ton vin

On chanterait pour en chanter plus tard

des anches déchues

Avec on fait le jazz

et blues, le bleu qui s’éteint

violet dans tes yeux

Il y a comme une larme sous la signature de nos pas.

On ne voudrait qu’un bref répit mais les vagues font la loi : on n’invente pas la somme des choses. On est surpris parfois. C’est ce qui compte.

On pense qu’on va…comme le bateau dont l’erre, qu’on sera ce fier trois mâts. On sait peu, on sait mal. A ces suppositions on s’arc-boute. Ce qu’on fait de mieux, faute de pire.

On pense on panse, ces fragiles qu’on bâtit sans soupçonner qui pâtit. Ce ciment malhabile qui fait silence. Ce miracle des choses qui tiennent. On n’y tient peu, mais voilà qu’elles. 

A bien y rafraîchir s’entassent les idées. On fait des mots comme on fait des pigments : vilains démons, dévots sans voix.

Mais c’est toujours sans y prendre garde. L’épée au flanc, la garde au fourreau, des fois qu’un coup fourré. On croit, la belle évidence, qu’on sera soudard de la sédition pour s’étonner soudain des allitérations qui nous ont altérés.

On ne sait plus les mots, on ne sait plus les notes ni ce qui nous emporte.

On voudrait être meilleur, mais comprendre surtout ce bruit soudain sans voix.

Bien sûr, on peut parler. Va parler quand rien n’écoute que toi qui fais l’effort des phrases la compréhension viendrait après doué de paroles celui qui aurait le sens et, sans le moindre effort je te parle qu’on ne se connaisse mais parler on peut. Je dis passe. Ton chemin, et passe et manque qui pourra me dire où le gué a manqué le pas.

J’abreuve, mais là, et  jamais où la soif  me fait force, j’abreuve à ta parole qui ne manque de sens mais les pétales qu’on a mis autour des lèvres pour faire fi les mots l’effleurent le sens commun qui nourrit si mal, j’assoiffe et rouges les dents du sourire, je souris, et tes lèvres où sont les goûts des fleurs qu’on avait oubliés.

J’avais les parfums qu’on avait dans les dents et je sens, aussi bien, je les aurais encore si les dents cognent avec les mots si je peux précipice et d’étincelle l’aventure, si tant et t’attendre si t’étendre et la bleue violette sur le ciel que rien ne mesure, si je peux te. Si je sais mais. Alors la floraison, stupide la floraison, stupides les moissons, idiotes ces brassées où les mains ont mis la confiance, idiotes mais de naître, que la fleur où ton regard s’ébroue plutôt que d’éternuer et ce parfum alors dans la tête qui ne veut pas dire n’arrive pour m’arrime.

Je fais avec, comme on fait en passant, je fais passant du sans souci et les bleuets s’en foutent. Mais je ne sais pas faire sans. Il faudrait que non les odeurs. Il faudrait qu’à ne pas respirer se consomme, et go homme et no more et Sodome.

Quoi faire, tu sais quoi toi avec le bleu où on a rangé l’acier, on a dit plus de guerres, on a dit on attend, le bleu que le ciel, et encore, la peur qu’on a de regarder le bleu de mettre ses yeux dans le bleu. Alors on fait de la peur comme de l’acier ce truc qu’on polit pour d’incertaines, d’incertaines mais demeure.

On sait bien plus au fil de l’ellipse, on sait plus bien, sauf qu’on se souvient que les mots étaient là d’abord, qu’on avait forgés malhabiles et inquiet on avait les mots pour ça et le dire, les yeux feraient le reste. On avait les mots et l’alibi après de vivre comme on s’ignore. On avait les mots et l’air qu’on met entre et dedans pour faire croire que, et on y croît l’étrange avancée qu’on fait de le savoir n’arrange rien ni ne ménage que la vague certitude où l’on range ce qui ne pose ni n’émeut, ou ne devrait.

Pour qui voudrait savoir : ce n’est pas tout à fait toi.

Tu n’étais pas dans ces collines de garrigue, à m’enfermer tu n’étais pas.

Sans toi, elles m’avaient acculé au bord de la roche, palpitante piedra, piedra serena parce qu’immortelle ou presque, comme ça on veut les imaginer, arides, sèches, ascètes de toute vie mais la parole ne leur manque qu’elles ont martelée dans l’écho des ravins.

Tu n’étais pas sur la route qui me portait mais la route pourtant t’effleurait et l’idée d’un absolu. Alors peut-être, tu n’étais pas loin, mais pas tout à fait toi, juste un chemin de nous l’improbable tentation, impétueuse comme on a soif, mais l’eau n’y suffit pas ni le vin.

Heureusement le ciel par dessus tout ça, autrement qu’un suaire, le bleu du ciel qu’y boivent les yeux, même si les oreilles n’y entendent rien, que les cigales en crécelles, les cigales absentes, mais les cigales indolentes sirènes qu’on imagine comme une étincelle tendue. Pas la musique inévitable mais le rythme entêtant du sang dans les veines, régulier, habituel, urgente l’inquiétante présence si on l’écoute de trop près.

À toi qui n’était pas là ma parole pourtant. Parce qu’on fait avec les collines comme on fait de la mer, ou presque. Enfermé tout autour, c’est l’autre qui entend. Sur la ligne de crête, la rive des nuages et déjà la sèche trépidance de l’été. L’horizon ouvert, consentante plaie aux  passages des hommes, et des collines autour et partout des collines, et on se dit qu’on n’aura jamais assez de pas pour fouler tout ça. Tous ces pas qu’on voudrait porter dans les blés en herbe, à les caresser léger de peur de les blesser, tous ces pas, destinés à cette verte ivresse des sillons, au bout des doigts un souffle de tendresse, tiède comme une abeille. Mais le vent l’ébouriffe l’ondulante marée au flanc des collines qui me parlent de toi. Et, de loin, le regard suffit à l’ouvrir. Le pas reste virginal, en attente, suspendu dans une molle conscience. A ne rien ébranler tout se suppose d’un marcheur qui n’aurait rien semé mais récolterait le vent sur ses lèvres.

Et là haut, où s’arriment les collines, piedra, sentinelles dans le paysage à guetter tout passage, piedra, grinçantes dents qui mordent dans le ciel .

Avec le souffle, je peux avec.

Dire

t’embrasser aussi

à moins que tes yeux

mais ta main m’est témoin,

avec je sais le jeu

l’air de rien la musique.

 

Et toi ?

 

Avec

je fais l’étoile

l’insensé

l’un sans l’autre.

 

Ainsi ma scie majeure.

 

Avec je fais l’archer

qui n’a refuge

 

l’arc en ciel pour tout archet.

 

Attends,

Tu crois que.

Parce que,

alors tu crois que.

 

Mais attends,

C’est pas comme ça

Pas tout à fait,

A tout faire

Plus tôt tu comprennes.

 

Il faudrait oui.

Des fois il faudrait.

Comme s’ébat la foudre.

Si l’arbre,

Mais on l’a pas.

 

T’es là, tu vois bien que non

Mais quand même.

Parce que si seulement.

Et t’y crois.

T’y croît

Et l’arbre avec.

La pleine coupe des mains où tes seins, justes et ronds.

Je n’ai pas goûté les fruits, pas bien goûté la fuite. Rien ne devait peser et surtout pas les ombres au tableau enfantines comptines les craies crispées malhabiles on croit libre et voilà, ce n’est que le livre qu’on ouvre à la page où dit la maîtresse. Mais l’encrier déborde, et la coupe, plaine investie des épines inventives.

Je n’ai pas mal que le sang qui perle de la douleur juste sa couleur. Sans passion, à ne pas la nommer qu’elle ne crie, me suffoque.

Il n’y avait pas de bergers à qui parler de toute cette histoire on fait des morceaux de vie et devine qui nous sommes à marchander la suite pour un peu on repart pour un tour et, sans se retourner, on reparle de tout. Pas de bergers mais les montagnes en disaient la belle aventure. L’orage dans les montagnes et j’ai vu des éclairs dans tes yeux la coupe pleine de nos soifs, on danse sur les montagnes aux feux de la Saint-Jean l’été s’achemine qui sait mieux brûler encore où l’on ne sait pas dire. On brûle on danse on vit on voit bien qu’on s’égare mais garde qui ne meurt et s’éprend. Alors oui les montagnes et sans doute les bergers, les bergers s’en doutent.

Avec le mal, on va dedans attendu qu’on ne sait comment les branches s’accrochent aux feuilles, tendues vers le soleil elles boivent la chaleur et voilà que c’est vert à croquer on voudrait le vertige mais les racines.

 

La part morte où ne croisent

si clairement précise des harpons rugissent

ce bouquet fier des crocs à viandes

Le soleil on se demande pourquoi

pas damné pour deux sous

cette insistance à vivre à marteler aiguë

perle une soif ce goût de poussière

on s’y fait

les doigts du fer dans le gosier.

De loin tu te ressembles. De loin tu te ressembles, femme que j’assemble disponible certitude. Sur le plancher de bois aux possibles échardes, trois femmes je te lie. Pour le matin le soir l’ennui te pare et nous grime, tantôt farce. Et de rire, au seuil de la cascade limpide et dans l’élan, l’intrépide indisposée, mais femme que j’assemble.

Des parcelles de toi, au seuil de la porte des bouts d’histoire à enfiler, baroco.

Je suis allé au marché.

Ce calme de la vie des autres doucement ordonné. Les couleurs en pyramides d’oranges et de poivrons, (ils n’en avaient que de verts), la douce intelligence des fruits qui ont bu le soleil et l’air avec la pluie, et grands qui exhalent enfin leur saveur à qui voudrait mordre. Je suis allé au marché comme on va voir ailleurs, en vacance de soi. Pour voir les autres et comment ils font avec tout ça. En longue patience, qu’ils jouent à plusieurs, ils vivent et c’est beau à voir, tous ces paniers inclinés aux bras des femmes et des hommes parfois, qui promettent le frémissement de l’huile aux poissons luisants. Le rosé frais qu’on verse généreux pour les amis, avec la rosée, tout étonnée encore de se mesurer avec la moiteur de l’été, mais la rosée qui perle au col de la bouteille.

Je suis allé au marché. Drôle de promenade.

Je ne cherchais rien de précis. Des couleurs, des accidents de couleurs qui exploseraient sur la rétine, et la tête, je pensais, la tête et le cerveau qui est dedans, sauraient bien quoi faire avec. Des odeurs, des images, des légendes d’écaille, des cigales sirènes, tss-tss, j’avais oublié mon panier et les yeux qui ne voulaient pas se fermer.

Pas bon le marché, pas bon pour les yeux et tout ce qu’ils charrient de larmes au bord de dévaler cascade, pas bon le marché, pas bon quand ils ont tous l’air d’être heureux.

Je ne savais plus où aller.

J’étais devant la mer.

Ne demande pas laquelle.

J’étais devant la mer. Devant elle. Ni pour sa couleur, ni pour sa lumière, juste devant à regarder, à écouter peut-être, mais dedans, comme on fait souvent avec la mer qu’on regarde pour écouter dedans. Pas sûr qu’on soit soi. Mais à l’écoute de soi parce que devant il n’y a rien. La mer dont on n’entend plus rien, parce que sa faconde, à force de ressac régulier, susurre et ne rassure. Ou le contraire peut-être.

D’être là, cette évidence qu’il faut faire avec le vide. De se trouver là. Avec ce vide dont on fait des presque rien. Ces bouts de ficelle qui tiennent debout et nous avec.